INEDIT : le billet d'Humbert II
- Imagine Quirieu
- 21 sept.
- 3 min de lecture
Nous avons retrouvé dans les archives un document inédit, établi sous la dictée du dernier prince indépendant du Dauphiné lors de l'un de ses séjours dans la cité de Quirieu et exposant les raisons pour lesquelles il tenait tant au titre de "Dauphin".
La résidence d'Humbert II à Quirieu vers le 14ème siècle

"A mes vassaux, bourgeois et hommes du mandement de Quirieu, vous me demandez respectueusement de vous expliquer comment et pourquoi, parmi mes nombreux titres honorifiques
et aristocratiques, je suis particulièrement attaché à celui de "Dauphin" (de Viennois).
Apprenez que c'est par grand respect de la tradition de ma famille et profonde déférence envers mes aïeux que je me fais un honneur d'être ainsi dénommé.
N'allez surtout pas donner quelque crédit à ces drôles qui ont cru pouvoir imaginer notamment que
le nom "Dauphin" aurait une origine romaine, druidique ou même celtique ou encore à ceux qui
n'ont pas craint de soutenir que le vocable fut attribué à un comte d'Albon et de Vienne parce qu'il
avait choisi un dauphin comme emblème figuré sur son casque, sa cotte et le caparaçon de son
cheval.
Non, en vérité, mes chers sujets, plus sérieusement, sachez que Dauphin ou Delphin était un
prénom usité au 12ème siècle et c'est ainsi que mon lointain aïeul, Guigues IV, a reçu ce deuxième
prénom ou surnom donné par son père Guigues III dit le "comte", qu'il est ainsi désigné dans un
acte de 1110 et qu'il a conservé ce vocable, tout en ayant comme titre honorifique celui de "comte", pendant son principat qui se termina en 1142.
Son fils Guigues V, qui régna jusqu'en 1162, adopta le terme de "Dauphin" comme surnom attesté
dans plusieurs actes et, après sa mort, sa fille Béatrix, devenue l'héritière du comté d'Albon et de
Vienne épousa Hugues III de Bourgogne en 1183 : le surnom de Dauphin ou Dauphine ne fut porté ni par l'un, ni par l'autre des époux.
Mais, Dieu en soit loué, Béatrix a de nouveau donné à son fils André le surnom de "Dauphin" pour
signifier son lien de descendance avec son grand-père Guigues V et lui conférer ainsi une marque
héréditaire de nature à affermir son autorité et sa légitimité. André a d'ailleurs conservé ce qualificatif jusqu'à la fin de son règne en 1237 et son fils Guigues VI a également été le plus souvent dénommé "Guigues-Dauphin, comte d'Albon et de Vienne" dans les
recueils d'actes de l'époque.
Jean 1er succéda à son père Guigues VI en 1270 et la tradition de l'usage du surnom de "Dauphin" fut poursuivie à son endroit par sa mère Béatrix de Faucigny pendant l'enfance de ce prince qui, son âme soit recommandée à Dieu, mourut en 1282 avant sa vingtième année, sans descendance.
Alors, mes chers fidèles, le comté d'Albon et de Vienne revint à mon illustre grand - mère, Anne,
épouse d'Humbert 1er, seigneur de la Tour et tous les deux prirent alors les qualificatifs de
"Dauphine" et "Dauphin" pour les transformer en titres de dignité et de pouvoir évoquant la force
et l'intelligence du cétacé et désignant le prince régnant sur leurs deux États ainsi réunis pour
former cette principauté qui peu à peu allait être dénommée le Dauphiné.
Par la suite, mon vénéré père, Jean II, régna à partir de 1307 en se parant de ce titre de "Dauphin
de Viennois" et mon très cher frère, Guigues VII, en fit de même lors de son avènement en 1319
jusqu'à son triste et glorieux décès en 1333, année au cours de laquelle je lui succédais.
Vous comprenez donc pourquoi, chers loyaux et dévoués dauphinois, j'attache une valeur de la plus haute importance à cette distinction et à cette marque d'honneur et de puissance afférents au titre de "Dauphin" et d'ailleurs, ce fort attachement m'a conduit à imposer au Roi Philippe VI, lors du
traité du 16 juillet 1349 organisant le "transport" du Dauphiné à la couronne de France,
l'engagement de maintenir ce titre pour les futurs princes du Dauphiné, fils aînés des Rois de
France".
Note d’Imagine Quirieu : certes, les faits et opinions soutenus par Humbert II dans le présent billet ont été ultérieurement contestés par certains érudits et historiens mais n'oubliez pas, lectrices et lecteurs du XXIème siècle, que l'auteur du billet s'exprimait au XIVème siècle...
Dessin d'Humbert II avec Jean son talmelier ...

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